L’Université de Lomé accueille du 11 au 14 mars 2025 un colloque scientifique international co-organisé par le laboratoire LAMPES de l’Université de Lomé, l’Université de Tübingen (Allemagne) et l’Université de Toulouse 2 Jean Jaurès (France). Placé sous le thème : « Conscience, unité et développement : appropriation actuelle du panafricanisme de Kwame Nkrumah », ce colloque scientifique rassemble des participants venus de cinq pays dont le Togo.
La question du panafricanisme comme idéologie de base du progrès structurel du continent revient au-devant de la réflexion des philosophes, des théoriciens des sciences politiques et de tous les africanologues en ce troisième millénaire. En plus des scientifiques, chercheurs et universitaires qui trouvent un engouement dans une sorte de renouveau de la pensée panafricaniste, les hommes politiques et les militants de diverses causes africaines puisent dans les théories panafricaines des premières heures, les fondements de leurs actions. L’un de ces théoriciens dont les écrits et les actions inspirent bon nombre d’intellectuels, d’hommes politiques et de militants panafricanistes est Kwame Nkrumah.

L’objectif du colloque est de permettre aux participants, de mieux s’approprier la philosophie politique de Kwame Nkrumah qui est très peu enseignée dans les universités africaines francophones (notamment au Togo), de la questionner pour en ressortir les repères de l’action sociopolitique en vue de l’unité et du progrès de l’Afrique. Ce colloque vise également à donner des armes intellectuelles aux doctorants et aux universitaires pour éviter de tomber dans un militantisme béat et pour proposer des voies rationnelles faites de relations apaisées avec toutes les parties du monde à l’ère de la mondialisation en vue du développement du continent.
Dans son discours d’ouverture, le professeur Edinam Kola, doyen de la Faculté des sciences de l’homme et de la société, représentant le président de l’Université de Lomé à ce colloque, a rappelé que « l’action humaine ne prouve son intelligence et son efficacité que lorsqu’elle est nourrie par les ressources de pensée ». Il s’est également dit « convaincu que c’est en prenant conscience de cela que cette rencontre d’envergure a été initiée. Ainsi, poser la question des conditions d’appropriation du panafricanisme de Nkrumah aujourd’hui, dans le contexte d’un colloque scientifique, cela témoigne que nous sommes toujours à la quête de repères idéologiques pour une Afrique plus autonome et plus compétitive. »
Le président du Comité d’organisation, le professeur Octave Nicoué Broohm, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, directeur honoraire du laboratoire LAMPES, a précisé que la formule adoptée pour ce colloque est d’approfondir la réflexion, engager des débats utiles sur la question, étant donné que de nouveaux défis se sont ajoutés aux anciens. Il a clos ses propos en rappelant que :« Nous devons donc travailler à mieux servir les enjeux du débat aujourd’hui en tenant compte des échecs du passé. L’Afrique contemporaine est confrontée à des urgences. Il est urgent d’agir mais on n’agira pas sans pressions ».

Le professeur Agbeko Y. Amewou, vice-président du Comité d’organisation a, pour sa part, ajouté que le thème de cette conférence correspond aux choix et orientations paradigmatiques du Laboratoire d’analyse des mutations politico-juridiques, économiques et sociales (LAMPES), qui a pour volonté de revisiter la pensée africaine non seulement dans sa trame, mais surtout, dans son déploiement dans les sciences sociales ainsi que le rôle qu’elle joue dans le contexte actuel de l’Afrique.

Selon le conférencier, Prof Yaovi Akakpo, « l’œuvre de Kwame Nkrumah reste probablement, la plus illustre des philosophies de la décolonisation. On ne comprendrait pas pleinement, me semble-t-il, la particularité de la philosophie de la décolonisation de Nkrumah et son enjeu contemporain et historique, si on n’interroge pas amplement, dans l’œuvre du philosophe ghanéen, le rapport bien établi entre l’émancipation de la philosophie et la philosophie comme instrument d’émancipation, idéologie de décolonisation ou de souveraineté ». Pour mettre en lumière ce rapport et souligner l’enjeu contemporain, son argumentation a été organisée autour des points suivants : décolonisation ou émancipation de la philosophie africaine ; philosophie comme idéologie d’émancipation ; consciencisme, matérialisme particulier et agenda social et humaniste ; enjeu d’accueillir aujourd’hui le consciencisme en philosophie sociale et politique.
Les récits de Kwame Nkrumah (1909-1972) restent des références fondamentales pour ceux qui militent pour l’émancipation de l’Afrique. Sa vision d’une Afrique unie et socialiste est encore débattue aujourd’hui, alors que le continent fait face à de nouveaux défis économiques, politiques et sociaux. Loin d’être de simples témoignages historiques, ses écrits constituent un appel intemporel à l’unité, à la résistance contre le néocolonialisme et à la construction d’un avenir souverain et prospère.
