Les 15 et 16 mai 2025, Lomé a accueilli un atelier régional de haut niveau sur les Contributions déterminées au niveau national (CDN) des pays d’Afrique de l’Ouest. Organisé par le Centre WASCAL de l’Université de Lomé en collaboration avec ClimateWorks Foundation, l’Alliance Bioversity International & CIAT et l’initiative AICCRA, cet événement a réuni les points focaux de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) des 15 pays d’Afrique de l’Ouest. L’objectif ? Diffuser les résultats d’une analyse technique des engagements climatiques de la région et préparer le terrain pour des CDN 3.0 plus ambitieuses, conformes aux conclusions du premier Bilan mondial (GST) de l’Accord de Paris.
L’Afrique de l’Ouest est l’une des régions les plus vulnérables au changement climatique, malgré sa faible contribution aux émissions mondiales de gaz à effet de serre. Sécheresses, inondations, perte de biodiversité et menaces sur la sécurité alimentaire, constituent les conséquences du réchauffement climatique dans la sous-région. Face à cette urgence, 15 pays de la région ont ratifié l’Accord de Paris en 2015 et soumis leurs CDN, des feuilles de route détaillant leurs engagements pour réduire les émissions (atténuation) et s’adapter aux effets du climat. Cependant, ces premières CDN présentaient plusieurs faiblesses, des disparités importantes dans les ambitions nationales et doivent être revus à la hausse, notamment après le premier Bilan mondial (GST) de 2023, qui a révélé un retard dans l’action climatique globale.

C’est dans ce cadre que WASCAL, à travers son Hub Régional du Bilan mondial indépendant (iGST), a initié cet atelier pour harmoniser et renforcer les engagements ouest-africains en s’appuyant sur des données scientifiques et des bonnes pratiques régionales. Dans son discours d’ouverture, le docteur Komi Agboka (MC), directeur de WASCAL-Togo, a souligné l’importance de cet atelier en déclarant être « convaincu que ces réflexions collectives vont aboutir à l’amélioration de nos actions climatiques. Les résultats doivent inspirer des politiques concrètes dans chaque pays ».
L’atelier visait trois objectifs principaux : examiner un rapport technique analysant les CDN ouest-africaines, produit par de jeunes chercheurs du programme Young Fellowship de WASCAL ; discuter l’intégration des conclusions du GST dans les révisions des CDN (version 3.0 attendue pour 2025) ; et définir les mécanismes visant à renforcer l’implication des acteurs non-étatiques (OSC, chercheurs) dans l’élaboration des politiques climatiques.
Pour le professeur Kehinde Ogunjobi, directeur de WASCAL-Ghana, « cet échange régional est unique. Il nous permet de partager une analyse comparative des CDN, d’éviter les approches isolées et de mutualiser nos meilleures pratiques à quelques mois de la COP30 ».
Durant deux jours, l’atelier a alterné présentations et débats participatifs, mettant en avant le rapport technique du programme Young Fellowship qui analyse les engagements sectoriels (énergie, agriculture, etc.), le rôle des OSC et les écarts entre les CDN actuelles et les recommandations du GST. Des études de cas ont illustré les bonnes pratiques, notamment l’intervention du Dr Mohau Mateyisi (CSIR, Afrique du Sud) sur le suivi des adaptations climatiques. Enfin, une table ronde a offert aux points focaux l’occasion d’échanger sur leurs défis, tels que le manque de financements et la nécessité de renforcer les capacités locales.

Organisé quelques mois avant la COP30 de novembre 2025, où les pays présenteront leurs CDN 3.0, cet atelier a permis aux points focaux de la CCNUCC d’adopter une feuille de route commune pour intégration des conclusions du Bilan mondial (GST) dans les révisions nationales et pour mobiliser plus de financements climatiques innovants afin de renforcer les mesures d’adaptation, cruciales pour la région. Il a également permis aux acteurs de structurer l’implication des OSC dans les processus décisionnels et de faciliter la coordination des positions avant les négociations internationales, où l’Afrique défend un accès équitable aux financements climatiques.
L’atelier s’est clos sur une note résolument optimiste. Les recommandations issues des travaux alimenteront les révisions des CDN 3.0, avec une attention particulière sur l’intégration des données scientifiques locales, le renforcement des partenariats avec les organisations comme WASCAL et AICCRA, et la création d’un réseau ouest-africain de suivi des engagements climatiques.
Il confirme le leadership de l’Université de Lomé et de WASCAL dans la lutte contre le changement climatique. En transformant les données en actions concrètes, la région ouest-africaine se dote des moyens de relever un défi existentiel. Les partenariats tissés à Lomé illustrent une vérité essentielle : face à l’urgence climatique, la coopération est la meilleure arme.
