La promotion des langues maternelles et leurs apports à l’apprentissage et au développement des sociétés ont été au cœur de la célébration de la 3e édition de la Journée internationale des langues maternelles, le vendredi 21 février dernier à l’Université” de Lomé. À l’initiative de l’Équipe de Recherche en Linguistique et Communication, cette journée a été célébrée à travers diverses activités.
C’est à travers une conférence suivie d’un concours d’éloquence en langues maternelles que l’Équipe de Recherche en Linguistique et Communication (ERLinCo) du département des Sciences du Langage de l’Université de Lomé a marqué le 25e anniversaire de la journée internationale des langues maternelles.
Cette journée a été célébrée en présence du directeur adjoint de la Direction de la Recherche et de l’Innovation (DRI) représentant le président de l’Université de Lomé, des doyens de la Faculté des Lettres Langues et Arts, chefs de départements, enseignants-chercheurs et étudiants de ladite faculté. Le professeur Amegnona Agbonon, directeur adjoint de la Recherche et de l’Innovation, dans son discours d’ouverture, a rappelé que l’enseignement dans la langue maternelle soutient l’apprentissage, l’alphabétisation et l’acquisition d’autres langues. “Nous espérons que la conférence de ce jour ouvrira de nouvelles pistes de réflexion pour l’amélioration de la contribution des langues maternelles au développement de notre pays à travers le développement cognitif des apprenants. Puissent les différents apports contribuer à enrichir les débats sur la question et aboutir à de nouvelles résolutions et à la prise de décisions courageuses pour le développement des langues maternelles au Togo”, a-t-il déclaré en ouvrant officiellement les activités de commémoration de cette journée.
L’une des étapes charnières de cette commémoration était la conférence-débat du jour. Le thème de cette conférence : “Les langues maternelles à l’ère des TICs au Togo : défis et perspectives” a été développé par les Drs Dovi Yelou et V. Dzodzi Sokpoh du département des Sciences du Langage de l’Université de Lomé. Après avoir présenté la situation des langues maternelles togolaises en cette ère, marquée par l’usage des emprunts, les conférenciers ont proposé des pistes de solutions pouvant permettre de les enrichir lexicalement. S’inspirant de modèles réussis dans d’autres pays en matière de promotion des langues maternelles, les conférenciers ont rappelé la nécessité de collaboration entre terminologues et spécialistes d’autres domaines comme des webmasters et des statisticiens pour la création de sites web devant héberger les mots créés.
Le thème de cette conférence revêt une importance capitale pour les organisateurs. Pour le professeur Kokou Essodina Péré-Kewezima : “L’apprentissage des langues est un pilier pour la connaissance et la culture, comme le mentionne l’Unesco. Aujourd’hui, comme vous le savez, les outils technologiques facilitent cet apprentissage à travers les différents réseaux et plateformes. Nous avons donc le devoir de faire connaître ces plateformes par rapport aux langues maternelles comme l’éwé, le kabiyè, le moba, le tem. La plupart de ces langues sont portées sur Google et également sont connues à travers les réseaux sociaux. C’est pourquoi nous avons donc choisi d’insérer le volet des technologies pour attirer l’attention de la jeunesse qu’elle peut continuer à apprendre, en dehors de la famille, les langues à travers le numérique.”
Les langues togolaises constituent un domaine privilégié de recherche au département des Sciences du Langage de l’Université de Lomé, rassure le professeur Dotsè Yigbé, doyen de la Faculté des Lettres Langues et Arts. Au-delà de la description des langues, il a exhorté les chercheurs en linguistique à orienter les recherches sur les langues vers leurs apports de solutions aux questions quotidiennes, ou leur contribution à l’enracinement des entreprises culturelles et même, dans les sciences pures et dures : “Il faut intégrer la recherche linguistique aux activités quotidiennes. Nous pouvons parler de la conception des recettes de cuisine dans nos langues et même des projets de recherche sur les lieux de mémoire de notre pays qui sont souvent en langue étrangère”.
Cette célébration a permis à l’Équipe de Recherche en Linguistique et Commination (ERLinCo), de valoriser les langues maternelles parlées au Togo à travers un concours d’éloquence. Les étudiants du département des Sciences du langage ont défendu leurs positions sur des sujets variés dans leurs langues maternelles. Pour cette deuxième édition de ce concours organisé par ERLinCo, l’éwé, le kabiyè et le tem étaient les langues retenues. Les étudiants Apelete Agbolo, Ameyo Vignon et Rayane Tchagbelehou, respectivement lauréats dans les langues éwé, kabiyè et tem, à l’issue de ce concours, sont repartis avec les prix mis en jeu.
Instituée en 2000 par l’Unesco, la Journée internationale des langues maternelles constitue une occasion importante de réfléchir aux réalisations, de renouveler les engagements et de souligner le rôle essentiel de la préservation des langues dans la sauvegarde du patrimoine culturel, l’amélioration des résultats de l’éducation et la création de sociétés plus pacifiques et plus durables. Cette 3e édition est placée sous le thème général : “L’éducation est un pilier de l’apprentissage”.
