Les lauréats du concours de traduction de la Recommandation de l’Unesco sur l’éthique de l’intelligence artificielle (IA) au Togo ont été primés, ce jeudi 27 mars à la présidence de l’Université de Lomé, après avoir présenté leurs productions mardi 25 mars devant des jurys. Initié par la Chaire Unesco de Bioéthique, ce concours s’inscrit dans le cadre du Projet « semer les graines d’éthique dans l’esprit des populations » africaines à travers la traduction de la Recommandation de l’Unesco sur l’éthique de l’intelligence artificielle dans les langues africaines. Au Togo le concours s’est déroulé en langues kabyè et éwé.

Devant des jurys composés de spécialistes de différents domaines en rapport avec les langues, l’éthique, l’intelligence artificielle, la communication, le droit et bien d’autres domaines, les candidats ont traduit dans la langue du concours, le Substrat de la Recommandation de l’Unesco sur l’éthique de l’intelligence artificielle, édition 2024 articulé en 10 points. « La traduction n’est pas une chose aisée et ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut donc fouiller et bêcher pour trouver les mots justes pouvant traduire les concepts et rendre compte des particularités linguistiques et culturelles du milieu et de la langue en question », confiait Dr Alex Awadi Atchali, linguiste, candidat à ce concours dans la catégorie langue kabyè.
Les candidats avaient la lourde tâche de traduire les concepts d’intelligence artificielle, éthique, écosystème, non-discrimination, équité… notions parfois difficiles et presque inexistantes dans les langues du concours. « La difficulté réside dans la capacité de traduire les concepts d’IA et les concepts éthiques en langue locale. Cela veut dire qu’il y a un effort à faire pour pouvoir parvenir à une idée commune à une tradition commune sur ces concepts. Pourquoi? Parce que la tradition présuppose un débat approfondi sur l’origine, l’histoire de ces concepts. Donc il faut que les universitaires prennent à cœur de familiariser les étudiants avec les idées qui viennent avec ces outils, les concepts l’histoire et puis leur évolution », a affirmé le professeur Komi Kouvon, président du jury de la langue éwé. « Il s’agit de concepts venus d’ailleurs, de cultures et de réalités étrangères aux nôtres et les traduire est forcément compliqué, non seulement pour les candidats, mais aussi pour nous, linguistes. Il faut alors recourir à des techniques spécifiques de néologie lexicale et c’est sur ces éléments clés que nous attendons les candidats », renchérit Prof. Kokou Essodina Péré-Kéwézima, membre du jury de la langue kabyè.
Cependant, l’exercice a été enrichissant pour les candidats, à en croire quelques-uns qui se sont prêtés au jeu.

Une cérémonie de remise de prix a été organisée ce jeudi 27 mars à la présidence de l’Université de Lomé, à l’endroit des lauréats. A l’occasion de la cérémonie de remise des prix, le professeur Lazare Poamé, Titulaire de la Chaire Unesco de Bioéthique, a rappelé l’importance d’un tel, concours et martelé la nécessité pour l’Afrique de s’approprier les nouveaux concepts de l’évolution du monde dans ses langues, afin de ne pas rester en marge de l’évolution du monde. Après délibération, Apélété Agbolo est déclaré vainqueur dans la catégorie langue éwé, et le duo Atchali – Vigno seul groupe ayant concouru dans la catégorie langue kabyè remporte le prix mis en jeu. Heureux de remporter le prix de la catégorie éwé, Apélété Agbolo exprima sa joie en ces termes : « je suis heureux d’être le lauréat de ce concours consistant à traduire les recommandations de l’Unesco dans nos langues maternelles. Ma joie est encore plus grande d’être celui dont la proposition de traduction de la recommandation en langue éwé a été retenu. C’est une immense joie pour moi».

Ce concours de traduction de la Recommandation de l’Unesco sur l’éthique de l’intelligence artificielle replace au cœur des débats, l’utilité des langues nationales à l’ère des révolutions numériques afin de permettre une bonne connaissance et une meilleure utilisation de l’intelligence artificielle dans les pays en voie de développement.
