Le Centre d’études et de recherches sur les organisations, la communication et l’éducation (CEROCE) de l’Université de Lomé, en collaboration avec le Groupe d’études et de recherche interdisciplinaire en information et communication (GERIICO) de l’Université de Lille, a organisé un séminaire scientifique, le samedi 29 mars 2025. Placé sous le thème « Informations et données de santé : enjeux sociaux et scientifiques pour les Sciences Humaines et Sociales (SHS) », l’événement a regroupé chercheurs, praticiens, doctorants et étudiants dans la salle informatique de l’ISICA pour des réflexions et échanges sur les enjeux sociaux et scientifiques liés à la gestion et à l’analyse des données de santé dans une perspective interdisciplinaire.
La séance d’ouverture a été présidée par le directeur de l’ISICA, le professeur Mawusse Kpakpo Akue Adotévi, qui a souligné l’importance stratégique du thème choisi et rappelé que les données de santé constituent un enjeu majeur pour les SHS, tant sur le plan scientifique que sociétal.

Dans son introduction générale, portant sur le thème du séminaire, la professeure Laurence Favier, représentante du GERIICO, a mis en lumière les tensions entre la médecine moderne fondée sur l’IA et la médecine traditionnelle. Dans son exposé, elle a expliqué que l’IA dépend d’un accès massif aux données, tandis que la reconnaissance des médecines traditionnelles ouvre un nouveau champ de réflexion intégrant la culture et la science. Ces deux mouvements coexistent et redéfinissent notre rapport à la santé. Cette communication a également révélé que la gestion des données de santé est un enjeu stratégique à la fois médical, économique et politique. La définition même de ces données évolue avec les nouvelles pratiques numériques et les capacités accrues de croisement d’informations. De la simple collecte à leur exploitation dans des systèmes complexes, les infrastructures de données de santé conditionnent leur sécurisation, leur accessibilité et leur utilisation, notamment à des fins de recherche et d’intelligence artificielle. « Les données de santé ne sont pas seulement un sujet technique ou médical ; elles interrogent aussi nos sociétés, nos politiques et nos éthiques », a-t-elle déclaré, insistant sur la nécessité d’une approche interdisciplinaire pour appréhender ces défis.
Le séminaire a été ponctué par une série de communications qui ont apporté des éclairages diversifiés sur le thème. Quatre doctorants de l’Université de Lille ont partagé leurs travaux en ligne, favorisant un débat enrichissant avec les participants sur l’impact des technologies numériques sur les systèmes de santé, ainsi que les implications éthiques de leur utilisation.
L’après-midi a été marquée par deux interventions phares. Mme Stéphanie Ferrer Blanco Derdar a présenté une analyse approfondie du « Dossier patient informatisé en psychiatrie : référentiel de gestion de données », mettant l’accent sur les spécificités et les défis de ce domaine sensible. La docteure Massama Lomdo, spécialiste en chirurgie viscérale, a quant à elle, partagé son expertise sur la « Gestion des données de santé à l’Hôpital Dogta-Lafie (HDL) de Lomé », offrant un regard concret sur les réalités locales et les solutions innovantes mises en œuvre.

Le débat général, modéré par le Dr. Kondi Napo Sonhaye (maître de conférences en sciences de l’information et de la communication), a permis aux participants d’approfondir les thématiques abordées. Les discussions ont porté sur l’équilibre entre innovation technologique et protection des droits des patients, ainsi que sur le rôle des SHS pour encadrer ces évolutions. « Ce séminaire montre que les données de santé sont un terrain fertile pour la recherche, mais aussi un enjeu de société qui nous concerne tous », a résumé un doctorant présent dans la salle.
La journée s’est achevée par un rapport synthétisant les principaux points de convergence et les recommandations pour une gestion des données de santé plus efficace et éthique. Dans son mot de clôture, le Dr Sonhaye a salué la qualité des échanges et la pertinence des pistes de recherche dégagées, tout en réaffirmant l’engagement du CEROCE à promouvoir des collaborations interdisciplinaires et internationales.
Ce séminaire a non seulement permis de mettre en exergue les défis complexes posés par les données de santé, mais a aussi démontré la vitalité de la recherche en SHS à l’Université de Lomé. En réunissant des experts locaux et internationaux, le CEROCE a une fois de plus prouvé son rôle de catalyseur pour des réflexions innovantes et engagées. Les pistes esquissées lors de cette journée annoncent des collaborations prometteuses et des projets concrets, renforçant ainsi la position de l’Université de Lomé comme un acteur majeur dans le domaine des sciences humaines et sociales appliquées aux enjeux contemporains.
