« Le taux d’accès à l’éducation au Togo a augmenté à tous les niveaux d’éducation au cours de la dernière décennie et particulièrement dans le second cycle du secondaire et l’enseignement supérieur où il a été multiplié respectivement par 2 et 3. Toutefois, le système éducatif reste caractérisé par un manque d’efficacité en termes d’acquisition de compétences, en particulier celles de base, (…), de plus l’enseignement supérieur présente de fortes inégalités économiques, géographiques et de genre en termes d’accès. Les moyens alloués en faveur de l’éducation demeurent insuffisant au regard de la forte hausse des effectifs et se traduisent par des conditions d’étude dégradées, notamment dans l’enseignement supérieur public. Les choix éducatifs ne sont pas suffisamment en adéquation avec les besoins des secteurs porteurs de l’économie togolaise ».
Ce sont là, les résultats d’une étude du Centre de Développement de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) réalisée sur le thème « Enseignement supérieur et marché du travail au Togo : comment valoriser les compétences ». Le rapport issu de ladite étude a fait l’objet d’un séminaire de présentation, le jeudi 29 septembre 2016, à la salle de conférence de l’Institut Confucius de l’Université de Lomé. Conjointement organisé par l’OCDE et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, le séminaire a rassemblé l’ensemble des acteurs du système éducatif togolais et les acteurs impliqués dans l’emploi des jeunes. L’étude a le mérite d’examiner le système éducatif et le marché du travail au Togo afin d’identifier les principaux défis du pays en termes de compétences.
En substance, l’économie togolaise ne souffre pas du manque de mobilisation des compétences sur le marché du travail. D’après le rapport présenté par M. Adrien LORENCEAU, Economiste au Centre de Développement de l’OCDE, « la quasi-totalité de la population togolaise participe au marché du travail, mais (…) près des trois quarts de cette population occupent des emplois peu productifs ». Le rapport déplore que « les diplômés du supérieur ne mettent pas suffisamment leurs compétences à disposition du marché du travail. Le taux de chômage au sens large atteint 32% et reste important pour les diplômés de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (24%) ». Aussi,« une part importante des compétences développées au Togo n’est pas mobilisée du fait de la fuite des cerveaux. Environ 17% des Togolais diplômés de l’enseignement supérieur en 2008 se trouveraient à l’étranger en 2012 ».
En termes d’efficacité des compétences, l’étude révèle que dans l’ensemble, « les compétences des diplômés de l’enseignement supérieur sont valorisées au sein de l’emploi salarié, notamment au sein du secteur public ». Toutefois, indique le rapport, « le rendement des études supérieures générales et del’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (ETFP) varie selon le type de diplôme et selon la filière. Les compétences scientifiques et techniques de haut niveau à destination de l’industrie sont particulièrement valorisées, de même que les compétences de gestion et d’organisation ». En revanche,« en début de carrière les diplômés de sciences sociales obtiennent des rémunérations du même ordre de grandeur que les diplômés d’une filière professionnelle courte ».L’étude constate pour conclure, que « la faible création d’emploi dans le secteur formel freine l’utilisation efficace des compétences des diplômés du supérieur dont près d’un tiers (30%) exerce une activité pour laquelle ils sont surqualifiés. Par ailleurs, les difficultés rencontrées pour développer une activité entrepreneuriale au Togo ne permettent pas d’attirer les diplômés du supérieur ».
Le diagnostic de l’enseignement supérieur au Togo, dans une perspective de compétence, révèle de nombreuses lacunes liées à des problèmes de gouvernance du système de compétence. « Le manque de communication et de coordination entre les différents ministères et échelons administratifs chargés de la formation, de l’aménagement du territoire et du budget constitue un obstacle à la cohérence, la flexibilité et l’efficacité des politiques éducatives ». Selon le rapport, « les capacités de gestion des institutions d’enseignement supérieur semblent insuffisantes, notamment en termes de pilotage et de cohérence entre l’offre de formation des établissements publics et privés ». Le Togo manquerait surtout de dispositifs d’observation et d’orientation des étudiants et des travailleurs et pourrait mobiliser davantage l’expertise et les ressources du secteur privé afin d’assurer la cohérence entre l’offre de compétences et les besoins du marché du travail. Le rapport stipule également qu’« au-delà du niveau de financement alloué à l’éducation, les choix d’affectation des ressources ne sont pas toujours cohérents avec les objectifs fixés par le gouvernement et contribuent aux inégalités au sein du système éducatif togolais ». Pour finir, le rapport de l’OCDE conclut que « les dépenses pédagogiques et de gestion semblent insuffisantes pour améliorer le fonctionnement du système éducatif ».