Le mercredi 30 avril 2025, l’Observatoire togolais des médias (OTM) et l’Institut des sciences de l’information, de la communication et des arts (ISICA) de l’Université de Lomé ont organisé un webinaire d’envergure sur le thème « Pluralisme médiatique et traitement professionnel de l’information ». Cet événement, qui a réuni des dizaines de professionnels de l’information, universitaires et étudiants, en ligne et en présentiel, a permis d’aborder des enjeux cruciaux pour l’avenir des médias au Togo. Il visait notamment à la sensibilisation et à l’instauration d’un cadre d’échanges entre professionnels et futurs professionnels des médias, sur les principes déontologiques et les réalités du métier.
Ouvrant la séance, le professeur Mawussé K. Akue Adotevi, directeur de l’ISICA, a remercié l’OTM pour sa confiance renouvelée. « Ces échanges sont essentiels pour promouvoir la liberté d’expression et le professionnalisme dans le métier de journaliste », a-t-il déclaré. Fabrice Petchezi, président de l’OTM, a quant à lui, souligné la pertinence du thème, rappelant que « dans un contexte marqué par la prolifération des médias et les défis de la qualité, ces discussions sont plus que jamais nécessaires ».
La première communication, portant sur « le pluralisme médiatique au Togo : histoire et enjeux démocratiques », a été présentée par le professeur Essohanam Batchana, professeur titulaire en histoire contemporaine, spécialiste de l’histoire des médias. Dans son intervention, il a retracé l’évolution du pluralisme médiatique au Togo depuis l’époque coloniale jusqu’à l’ouverture politique des années 1990. Le paysage médiatique togolais a connu des périodes de coercition et de relative libéralisation. L’analyse a particulièrement mis en lumière les périodes charnières de 1946-1958 (l’âge d’or de la presse nationaliste), de 1958-1963 (le grand recul autoritaire), 1990 (le printemps médiatique) et de 2010-2025 (l’ère numérique et ses paradoxes). « Le véritable enjeu aujourd’hui n’est pas la coloration politique des médias, mais leur autonomie financière et leur capacité à assumer leur ligne éditoriale », a expliqué le professeur. Parmi les défis identifiés figurent la reconstruction d’un tissu social harmonieux, la formation du lectorat, et une libéralisation accrue des conditions politiques et juridiques de la presse.
Le second panéliste, Dr. Anoumou Amekudji, journaliste, maître-assistant à l’ISICA, et directeur de la Communication et du Protocole de l’Université de Lomé, a centré son intervention sur le « traitement professionnel de l’information journalistique ». Sa communication a mis l’accent sur les principes déontologiques du journalisme. « Le journaliste doit allier rigueur, objectivité et responsabilité sociale », a-t-il insisté. Il a rappelé les critères incontournables pour une information crédible : la vérité, la nouveauté, la signification et l’intérêt. Pour lui, à l’heure des réseaux sociaux, le journaliste doit résister à la tentation du sensationnalisme et faire preuve à tout moment de professionnalisme dans l’exercice de son métier. Au-delà de ces contraintes, le journaliste doit constamment améliorer ses compétences, avoir une grande culture générale et éviter de se mettre en situation de conflits d’intérêts, car au-delà de toutes les dispositions formelles, techniques et juridiques, la responsabilité sociale reste la vertu cardinale du journaliste. Par ailleurs, il a prodigué des conseils précieux aux professionnels et futurs professionnels de l’information ayant participé au webinaire, pour une pratique responsable du journalisme.
Les échanges qui ont suivi ont mis en lumière trois problématiques majeures. La première est relative à la structuration du paysage médiatique. Sur ce point, les participants ont plaidé pour une diversification des thématiques (environnement, économie, culture) et un renforcement des capacités des médias. La deuxième problématique soulevée a trait à la responsabilité des médias : dans un contexte de désinformation, les journalistes doivent rester des garants de la fiabilité. Et la troisième problématique concerne les mécanismes d’amélioration de la liberté de presse et la qualité de l’information. L’État est appelé à augmenter les subventions, tandis que les journalistes doivent se former continuellement et respecter les normes déontologiques.
Clôturant l’événement, le directeur de l’ISICA et le président de l’OTM ont salué la qualité des interventions des panélistes et l’engagement des participants. « Ces échanges sont une pierre angulaire pour l’avenir des médias au Togo », a affirmé Fabrice Petchezi. L’OTM envisage déjà de reproduire cette initiative avec d’autres institutions, comme l’Université de Kara, en s’appuyant sur l’expérience réussie avec l’ISICA.
Ce webinaire a, non seulement, renforcé le dialogue entre professionnels et futurs journalistes, mais il a aussi posé les bases d’une réflexion collective pour un paysage médiatique davantage pluraliste, professionnel et indépendant. Une belle vitrine pour l’Université de Lomé, qui confirme son rôle de leader dans la formation et la recherche en communication au Togo.
