Quelques jours après la visite d’une délégation d’enseignants-chercheurs au Laboratoire national de sécurité sanitaire et phytosanitaire des aliments (LaNSA), le professeur Adama Mawulé Kpodar, président de l’Université de Lomé (UL), et Mme Carine De la Gueronnière, promotrice du LaNSA, ont officiellement lancé, le lundi 2 juin 2025, à la salle Prof. Gbeassor, les bases d’un partenariat ambitieux. Objectif : conjuguer les forces de la recherche universitaire et des infrastructures de pointe pour relever les défis de la sécurité alimentaire au Togo.
La dynamique a été enclenchée le 28 mai dernier, lorsque des chercheurs de l’UL, spécialisés en chimie, agronomie, microbiologie et biologie, ont exploré les installations high-techs du LaNSA, situé dans l’enceinte de l’Institut togolais de recherche agronomique (ITRA) à Cacaveli. Accueillis par Mme Carine De la Gueronnière, promotrice du laboratoire, et la directrice Dr Chantal Goto, les chercheurs ont découvert un outil stratégique pour le Togo : un laboratoire accrédité ISO 17025 :2017, capable d’analyser les contaminants (métaux lourds, pesticides, mycotoxines) et de certifier les produits locaux pour l’export.
Saisissant l’élan, Mme De la Gueronnière a proposé la création immédiate d’un comité de pilotage mixte, malgré l’attente du décret officialisant l’autonomie juridique du LaNSA. « Nous pouvons avancer sans attendre », a-t-elle affirmé. « L’enjeu est double : professionnaliser les étudiants et co-construire des projets de recherche financés ».

Dès le 2 juin, une réunion de cadrage stratégique s’est tenue à la présidence de l’UL, rassemblant les principaux acteurs académiques dont le professeur Komlan Batawila, 1er vice-président, le professeur Joseph Tsigbé, directeur de la Coopération universitaire, ainsi que les responsables des grandes écoles (EPL, ESA, ESTBA) et de l’UniPod, accompagnés d’enseignants-chercheurs de la Faculté des sciences. Les échanges ont rapidement convergé vers la nécessité de créer un cadre de collaboration pérenne. « Nous devons passer des intentions aux actes », a martelé Mme Carine De la Gueronnière, insistant sur l’urgence de formaliser les relations entre les deux institutions. Son idée phare : la mise en place immédiate d’un comité de pilotage conjoint, même avant l’obtention du statut juridique définitif du LaNSA.
Ce comité aura pour mission de définir une feuille de route opérationnelle. « L’objectif est triple, a-t-elle précisé : « professionnaliser nos étudiants grâce à des stages pratiques au sein du LaNSA, développer des programmes de recherche appliquée sur des thématiques comme la qualité des sols, la traçabilité alimentaire ou la valorisation des déchets agricoles, et surtout, trouver des financements durables pour ces projets ». La promotrice a souligné que ce modèle s’inspirait des meilleures pratiques internationales, combinant expertise académique et approche entrepreneuriale.
Ce comité de pilotage conjoint, structure informelle, mais essentielle, composé de représentants de l’Université de Lomé et de LaNSA, aura également pour mission d’élaborer une convention-cadre, document fondateur qui formalisera les engagements de chaque partie. Ce texte, attendu courant 2025, définira les modalités de collaboration, les mécanismes de propriété intellectuelle et les critères d’évaluation des résultats.
Le président Kpodar a immédiatement saisi la balle au bond. « Pourquoi attendre ? »s’est-il interrogé, annonçant la désignation rapide des représentants universitaires. Le vice-président Komlan Batawila et le directeur de la Coopération Joseph Tsigbé seront chargés de ce dossier stratégique. « Nous commencerons par organiser des ateliers scientifiques trimestriels », a-t-il déclaré, « où nos chercheurs présenteront leurs travaux tandis que les experts du LaNSA partageront leurs retours d’expérience sur les contraintes du terrain ».

Le modèle économique du partenariat a été aussi au cœur des discussions. « Un laboratoire comme le LaNSA doit fonctionner comme une structure privée », a insisté Mme De la Gueronnière. « La recherche doit générer sa propre valeur, via des contrats ou des appels à projets », a-t-elle ajouté. Le professeur Kpodar a abondé, « Nous visons un écosystème où l’UL apporte son expertise, le LaNSA ses équipements et les industriels, leurs défis concrets ».
Ce partenariat s’inscrit dans la vision du président du Conseil, Faure E. Gnassingbé, pour un Togo leader en sécurité sanitaire des aliments. Pour l’Université de Lomé, c’est l’opportunité de valoriser sa recherche et de former une génération d’experts opérationnels. Comme l’a résumé le professeur Kpodar, « Avec le LaNSA, nous passons de la théorie à l’impact économique et social. C’est cela, la mission d’une université engagée ».
Les prochains mois verront la première réunion du comité de pilotage conjoint, la formalisation des conventions et le lancement des premiers ateliers. Une chose est sûre : l’alliance entre l’Université de Lomé et le LaNSA marque un tournant pour l’innovation agroalimentaire au Togo.
Cette alliance entre l’Université de Lomé et le LaNSA place la recherche au service des enjeux nationaux, tout en offrant aux étudiants un tremplin vers l’emploi. Dans un contexte où la sécurité sanitaire des aliments devient un critère clé du commerce mondialisé, le Togo se dote ainsi d’un duo gagnant : l’excellence académique et l’innovation technologique.
