L’Afrique se dote d’outils scientifiques de pointe pour préserver sa biodiversité et renforcer sa sécurité sanitaire. Ce mercredi 7 mai 2025, l’Institut National d’Hygiène (INH) a accueilli la session pratique de l’atelier régional ouest-africain de l’Institut ouvert de Génomique et de Bio-informatique, organisé dans le cadre du projet africain de biogénome (AfricaBP). Placé sous le thème « Génomique de la biodiversité et une seule santé (One Health) », cet événement hybride (en ligne et en présentiel) réunit chercheurs, professionnels de santé et étudiants, avec la participation active du Laboratoire des Sciences Biomédicales Alimentaires et Santé Environnementale (LaSBASE) de l’École supérieure des techniques biologiques et alimentaires (ESTBA) de l’Université de Lomé.
Après deux jours de travaux en ligne, les participants ont entamé ce 7 mai une phase pratique cruciale, centrée sur le sous-thème : « Génomique de la biodiversité et durabilité des moyens de subsistance en Afrique de l’Ouest ». L’initiative s’inscrit dans le cadre plus large du projet AfricaBP qui vise à séquencer les génomes de plus de 100 000 espèces africaines pour favoriser la conservation de la biodiversité et développer des systèmes alimentaires durables face aux défis climatiques et environnementaux du continent. L’atelier régional de Lomé est organisé en collaboration avec le Laboratoire de Biologie moléculaire et de Virologie de l’INH.

La génomique de la biodiversité est une discipline scientifique révolutionnaire qui applique les technologies de séquençage génétique et d’analyse bio-informatique à l’étude des écosystèmes. À mi-chemin entre écologie et biologie moléculaire, elle permet de décrypter le « code-barres ADN » des espèces et vise à cartographier la diversité génétique des plantes, animaux et micro-organismes, à identifier des espèces inconnues (y compris via l’ADN environnemental), à comprendre les mécanismes d’adaptation face aux changements climatiques, et à détecter les pathogènes émergents (approche « One Health »).
Lors de son allocution d’ouverture, Dr Halatoko Wemboo Afiwa, directrice de l’INH, a souligné l’apport considérable de la génomique pour la santé publique. Elle a expliqué que cette technologie permet d’identifier les agents pathogènes jusqu’au niveau du génome, offrant ainsi des outils de prévention plus efficaces contre les épidémies, comme l’a démontré la gestion de la pandémie de COVID-19. De son côté, Dr Komi Koukoura Komi, maître de conférences en Microbiologie – Biologie moléculaire, enseignant-chercheur à l’École supérieure des techniques biologiques et alimentaires (ESTBA), a mis en lumière les menaces pesant sur la biodiversité africaine. Il a plaidé pour l’utilisation de la génomique comme outil de conservation et de restauration du patrimoine génétique africain, soulignant son potentiel pour surveiller l’érosion génétique et sélectionner des espèces résilientes face aux changements environnementaux.

Malgré son immense potentiel, l’Afrique accuse un retard dans l’application des technologies génomiques, faute d’expertise locale et d’infrastructures adéquates. C’est tout l’enjeu de cet atelier qui vise à former une nouvelle génération de scientifiques capables de maîtriser ces outils. L’atelier a mis en lumière plusieurs innovations, à savoir les techniques de séquençage nouvelle génération, les méthodes de bio-informatique pour l’analyse des données, les stratégies de préservation des espèces menacées, et le développement de cultures adaptées au changement climatique.
Une autre initiative importante concerne la mise en place d’un centre de connaissances pour soutenir la carrière des scientifiques africains, en offrant des opportunités de formation et d’incitation dans les domaines de la génomique et de la bio-informatique. L’atelier régional organisé à l’INH s’inscrit pleinement dans cette perspective de renforcement des capacités locales.

Jusqu’au 9 mai, les participants seront formés aux techniques de pointe sur la collecte et préparation d’échantillons biologiques, aux techniques de biologie moléculaire, et de séquençage génomique ADN. Ils seront aussi outillés sur l’analyse bio-informatique des données génomiques et aux stratégies d’engagement des politiques et des parties prenantes. Ces ateliers pratiques permettront surtout aux chercheurs ouest-africains de passer de la théorie à l’action, en exploitant les équipements haut de gamme de l’INH.
En s’impliquant activement dans ce projet, l’Université de Lomé confirme son rôle de leader dans la recherche génomique appliquée. Qu’il s’agisse de santé publique, d’agroécologie ou de préservation des écosystèmes, elle contribue à bâtir une Afrique résiliente, innovante et souveraine sur le plan scientifique.
Cet atelier ouvre la voie à de futures collaborations régionales, renforçant ainsi la place du Togo dans l’écosystème scientifique africain. Les découvertes qui en émergeront serviront de socle pour des politiques publiques éclairées, au bénéfice des générations futures.
