Dans la lignée des différentes manifestations pour la célébration de la Journée Internationale des Droits de l’Homme, le Centre de Droit Public (CDP) de l’Université de Lomé a organisé en collaboration avec l’Union Européenne une table-ronde sur le thème ‘‘De Bujumbura à Alep : que reste-t-il de la responsabilité de protéger ?’’. La manifestation ouverte par le Président de l’Université de Lomé, Pr Dodzi Komla KOKOROKO, après une brève introduction de S.E.M l’Ambassadeur, Chef de Délégation de l’Union Européenne au Togo, Nicolas BERLANGA-MARTINEZ, s’est tenue le lundi 12 décembre à la salle de conférence de l’Institut Confucius de l’UL.
Mots introductifs, ‘‘réflexion naïve’’…
Pour Pr Dodzi Komla KOKOROKO, le Droit international humanitaire oscille entre deux pôles, l’un humanitaire et l’autre empreint de souveraineté. Il faudrait alors pouvoir arriver à les concilier autant que possible au service de l’humanité. Seulement, la notion elle-même semble doublement viciée : vice originaire, résultat de certaines conceptions jamais coulées dans le droit humanitaire lui-même et vice conceptuelle, le droit de non-ingérence n’ayant jamais prospéré. Il propose alors que le concept ne soit ni un droit, ni un devoir afin de pouvoir ratisser large.
La situation en Gambie, que peut et doit faire la Communauté internationale ? L’indifférence des débiteurs, le cas de la Syrie ou du Burundi, ou faut-il confier à un Etat ‘‘voyou’’ d’assurer la sécurité de ses citoyens ? Que penser du Droit de véto de la Russie ?
La solution réside-t-elle dans la responsabilité de protéger ? Non. Et elle appelle débat.
Une Table-ronde composée de Pr DANDI (Université d’Abomey Calavi), Pr HOUNAKEY (UL), S.E.M Nicolas BERLANGA-MARTINEZ (UE), S.E.M Marc FONBAUSTIER (Ambassadeur de France) et modérée par Pr AYEWOUADAN (UL) a pris la suite du Président de l’UL.
Une réflexion introductive sorte de cadrage juridique menée par Pr DANDI a permis à tous de conceptualiser la responsabilité de protéger d’abord sous son aspect politique appelant à une souveraineté responsable, ensuite comme le point d’ancrage de trois piliers : le devoir de protection (Etat), le devoir d’assistance (Communauté Internationale) et le devoir de réagir.
Les échanges avec l’assistance composée de personnalités du monde socio-politique et juridique et des étudiants ont permis de passer le concept par diverses analyses. Les catastrophes naturelles appelant à des actions humanitaires, les questions de souveraineté des Etats, la légitimité des actions historiques menées sous le sceau de la responsabilité de protéger, les paradoxes que soulèvent la responsabilité de protéger en elle-même au regard de qui doit protéger, la protection un droit ou un devoir… ?
En somme autant de question qui appellent à réflexion et qui ouvrent un perpétuel débat. Fort heureusement, ‘‘le concept n’est pas une utopie, plutôt une thérapie. Il suffit juste de repenser le fondement, ou mieux proposer une classe de gardien. Mais qui gardera les gardiens ?’’, dixit Pr AYEWOUADAN.
Soulignons que cette manifestation a également servi de cadre pour la présentation des cinq (05) projets financés par l’Union Européenne, grâce à l’Instrument Européen pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (IEDDH), à l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits de l’homme, édition 2016. Il s’agit des projets :
– Jeunes Acteurs de la Réconciliation exécutée par Amnesty International Togo
– Promotion de la participation citoyenne et inclusive des personnes handicapées dans le processus de réconciliation nationale au Togo, portée par la Fédération Togolaise des Associations de Personnes Handicapées (FETAPH)
– Réconciliation Droits de l’Homme et réduction des cas d’impunités au Togo, initiée par le CACIT
– Appui à la promotion de la liberté d’expression, à la protection des groupes sociaux et au renforcement des partis politiques comme facteur du processus de réconciliation nationale au Togo, de l’Association Heinrich Klose Togo
– Dialogue des parties prenantes autour des droits fondamentaux des communautés des zones minières au Togo, du Comité International d’Ethique et de Solidarité (COMINTES).
Tous ces projets ont reçu de l’Union Européenne un financement entre 210.000 et 228.000 euros.