« Le Fá, la Gnose Àjɛ́ et la Mécanique quantique : Cultures africaines, cultures scientifiques », tel est le thème de la conférence inaugurale organisée le 1er décembre 2023 par l’équipe de recherche, Comparatisme, Dynamique Interculturelle et Recherche en Littérature (CoDiReL) de la Faculté des Lettres, Langues et Arts de L’Université de Lomé. Cette conférence animée par le professeur Mawugnon Kakpo de l’Université d’Abomey Calavi, République du Bénin, avait pour objectif de montrer que le Fá est la gnose d’où émanent les autres sciences. Bien plus, cette conférence était une opportunité pour cet illustre universitaire d’appeler à la consolidation d’une épistémologie du Sud face à l’hégémonie de l’épistémologie occidentale.
L’histoire comparée des systèmes de pensée révèle un prolongement entre ce qui est considéré comme « pensée traditionnelle » et « pensée moderne ». Or, la science occidentale, procédant d’une épistémologie de l’arrogance, a toujours fait croire à une absence totale de faits scientifiques dans les cultures dites « traditionnelles », tout comme si la « tradition » n’était pas ce qui se faisait chaque jour. L’argument, qui fonctionne tant comme un leitmotiv que comme un acte paranoïaque, est l’exigence de la preuve scientifique des faits. Et cette preuve, la science occidentale exige qu’elle fonctionne selon les normes qu’elle a elle-même établies. Or, l’esprit scientifique, qui est absolument culturel, doit gouverner les prétentions scientifiques, telles que plusieurs études tendent depuis lors à le montrer, notamment en ce qui concerne le vaste domaine de connaissance qu’est le Fá.
Au cours de la conférence le Professeur Kakpo a montré que leFá, Sagesse Universelle, Savoir Encyclopédique, élaboré par les Africains depuis plusieurs millénaires, est la gnose d’où s’originent toutes les sciences aujourd’hui avérées, notamment l’alchimie Ájɛ́ développée dans l’ancienne cité Ifɛ, dans la partie orientale de la Savane du Bénin.L’alchimie Àjɛ́ est une science aussi bien sublime que stupéfiante, maîtrisée par les Aînés. Or, depuis seulement la fin du XIXème siècle, les résultats de la mécanique quantique, science émergente en Occident, commencent à modifier notre perception du monde de façon à nous émerveiller. Mais le niveau et la forme du formalisme actuellement émergé de la mécanique quantique s’apparentent déjà à un truisme dans l’Académie Àjɛ́.
Le conférencier a permis au public, venu nombreux remplir l’Auditorium de l’Université de Lomé, d’apprécier quelques résultats obtenus à partir du formalisme de la mécanique quantique à l’aune des expériences de l’alchimie Àjɛ́ portée par une gnose scientifique depuis plus d’un millénaire. Il a souligné surtout, en ce qui concerne l’Académie Àjɛ́, que les expériences révèlent, sans conteste, non seulement que la recherche scientifique était une préoccupation fondamentale dans les cultures africaines, mais aussi que le niveau scientifique du formalisme Àjɛ́ était déjà nettement supérieur à ce dont la mécanique quantique n’a actuellement commencé à nous révéler seulement que quelques pans. C’est ce qui lui fait dire que les cultures africaines ne sont guère des cultures de sorciers, dépourvues de sciences, mais plutôt des cultures véritablement scientifiques.
Un riche débat, auquel le directeur scientifique du CoDiReL, monsieur Kangni Alemdjrodo (M.C.) a dû mettre un terme, a sanctionné la fin de cette conférence, hautement appréciée des universitaires. Le CoDiReL a manifestement réussi sa rentrée académique.