Le vendredi 23 mai 2025, s’est tenue à la salle de réunion de la Faculté des sciences et de la santé (FSS) de l’Université de Lomé, une rencontre stratégique réunissant une délégation de l’Agence nationale de recherche sur le Sida, les hépatites virales et les maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE), conduite par le Dr Eric D’Ortenzio, et les enseignants-chercheurs de la FSS. L’atelier avait pour ambition de traduire le lancement officiel de PRISME en actions opérationnelles, en impliquant directement les chercheurs togolais dans la co-construction de projets répondant aux priorités nationales de santé.
Cette rencontre faisait suite à la visite officielle du 22 mai au président de l’institution, ayant acté le lancement de PRISME (Plateforme Internationale de Recherche en Santé Mondiale et Environnement), dont l’objectif est d’explorer concrètement les modalités de collaboration scientifique entre la France et le Togo, avec un focus sur les maladies infectieuses, priorité de santé publique.

L’atelier s’est articulé autour de trois temps forts, créant une dynamique interactive entre les partenaires internationaux et les chercheurs de l’UL. La séance a débuté par une série de présentations techniques avant d’évoluer vers des échanges plus informels, mais tout aussi constructifs.
Le Dr Eric D’Ortenzio, directeur du département Stratégie et Partenariats internationaux à l’ANRS-MIE, a ouvert les travaux par une présentation complète des programmes de l’ANRS-MIE, mettant l’accent sur les opportunités de financement pour les projets de recherche collaboratifs. Il a particulièrement insisté sur l’importance des appels à projets et des critères d’évaluation, suscitant de nombreuses questions parmi les participants. « Notre philosophie est claire : nous voulons soutenir des recherches qui répondent aux besoins locaux tout en s’inscrivant dans une dynamique internationale d’excellence », a-t-il déclaré, suscitant de nombreuses questions dans l’auditoire.

Les représentants de l’IRD, les Drs Nicaise N’Dam et Perpétue Vincent, ont ensuite pris la parole pour détailler les différents dispositifs d’accompagnement disponibles. Leur intervention a permis de mieux comprendre les possibilités de formations, d’échanges scientifiques et d’accès aux plateformes technologiques. Les échanges qui ont suivi ont révélé un intérêt marqué pour ces outils, notamment concernant les maladies infectieuses prioritaires au Togo.
La dernière partie de l’atelier a été consacrée aux interventions des enseignants-chercheurs de l’UL. Plusieurs d’entre eux ont partagé leurs expériences et attentes, soulignant le besoin de renforcer les compétences en méthodologie de recherche clinique et de simplifier les procédures administratives. Ces échanges francs et constructifs ont permis d’identifier des pistes concrètes pour améliorer la collaboration future. « Nous avons l’expertise thématique, mais nous avons besoin d’un accompagnement plus soutenu dans le montage technique et financier des projets », a souligné un chercheur du département de microbiologie, résumant ainsi l’esprit des discussions.

La réussite de PRISME repose sur trois défis majeurs identifiés lors des échanges. Premièrement, le renforcement des compétences locales apparaît comme une priorité absolue. Il s’agira de former les chercheurs togolais aux méthodologies modernes de recherche et à la gestion de projets internationaux, tout en favorisant le transfert de savoir-faire. Le deuxième enjeu concerne la production de données scientifiques adaptées au contexte local. PRISME devra générer des connaissances pertinentes pour les spécificités épidémiologiques de la sous-région, permettant d’élaborer des politiques de santé plus efficaces. Enfin, l’équilibre des partenariats constitue un aspect crucial. La plateforme devra garantir une véritable co-construction des projets, avec une répartition équitable des responsabilités et des bénéfices scientifiques entre partenaires français et togolais. Cet équilibre sera la clé de voûte d’une collaboration durable et mutuellement bénéfique. « PRISME doit être une plateforme où les chercheurs togolais ne sont pas de simples exécutants, mais des concepteurs à part entière », a insisté le professeur Didier Koumavi Ekouevi, directeur du Centre de formation et de recherche en santé publique (CFRSP) de l’UL.

L’atelier du 23 mai a permis de dégager une feuille de route claire pour concrétiser la collaboration entre l’ANRS-MIE, l’IRD et l’Université de Lomé. Les prochaines étapes s’articuleront autour de trois actions prioritaires : la finalisation de la convention cadre d’ici fin 2025, qui formalisera les engagements de chaque partenaire et définira les modalités opérationnelles de PRISME ; l’organisation d’un séminaire technique en 2026, destiné à renforcer les capacités des chercheurs togolais en montage de projets et méthodologie de recherche ; et la mise en place d’un comité de pilotage mixte, composé de représentants togolais et français, chargé d’assurer le suivi régulier des avancées et de proposer des ajustements si nécessaire. Ces différentes étapes visent à transformer les discussions en actions concrètes, tout en maintenant une dynamique collaborative entre toutes les parties prenantes.
Cet atelier a confirmé l’engagement mutuel des partenaires et la maturité scientifique de l’Université de Lomé. Avec PRISME, l’UL se positionne comme un acteur clé de la recherche en santé en Afrique, capable de mobiliser des expertises internationales tout en ancrant ses travaux dans les réalités locales. « La collaboration ne se décrète pas, elle se construit. Aujourd’hui, nous avons posé les premières brique », a souligné le Dr D’Ortenzio. Reste maintenant à relever les défis avec enthousiasme par les chercheurs togolais.
